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Mission Points-coeur en Roumanie
15 janvier 2013

Lettre n° 3 “ Dans la vie présente qui nous est

Lettre n° 3                                                                                       

 

Dans la vie présente qui nous est donnée, ce qui compte n’est pas que les choses aillent plus ou moins bien, mais la façon dont nous vivons cette vie. Dans cette façon, il y a la charité, qui seule donne valeur à tout.Chiara Lubich, Pensée et spiritualité

 

Très chers parrains,

Très chers amis,

Très chère famille,

 

 

Juste avant le Nouvel An, un petit bilan s’impose car j’ai déjà de quoi vous écrire une longue lettre. Vous connaissez maintenant le rituel épistolaire : comment allez-vous ? J’espère que vous êtes tous aussi heureux que je le suis !

 

Ici, nous passons par des hauts et des bas mais le bonheur a toujours le dernier mot et j’en ressors grandie ! Il m’est parfois difficile de faire passer la charité en premier à la maison quand les occupations sont nombreuses, que le programme change et que le temps imparti reste le même : 24 heures ! Parfois, je trouverais plus simple d’avoir le don d’ubiquité me permettant d’accueillir nos amis tout en faisant les courses ou encore tout en prenant le temps de discuter avec une des autres amies des enfants. Seulement il n’en est pas ainsi et je dois sans cesse recommencer, réajuster la cible : l’Amour qu’il m’est permis de donner à chaque instant, quoi que je fasse, non l’hyperactivité et une quantité de choses “faites”. Oui, oui, je le sais… Il faut Être avant de Faire, je m’y suis engagée mais la pratique demande encore à être améliorée. Enfin, heureusement, car cela doit être ennuyeux de toujours tout bien faire. L’avantage est que je suis préservée de la routine.

À part cela, nous avons eu la visite de notre responsable, sœur Alix, fin octobre, et nous avons eu la chance d’aller passer quelques jours de retraite chez les Jésuites de Cluj. Quelques changements sont également venus nous bousculer car Emilia a terminé sa mission. Elle a passé le flambeau pour son rôle de “veilleuse” et c’est Agneza qui prend soin de notre trio.

 

Dans cette lettre, je tenais à vous parler de l’évêque gréco-catholique de Cluj, Mgr Florentin, que j’ai pu rencontrer lors de nos quelques jours à Cluj. Une grande amitié entre lui et notre Point Cœur s’est nouée depuis plusieurs années. Aux dires d’Émilie, je savais déjà qu’il était un homme au grand cœur, passionnant, mais je n’imaginais pas à quel point.

Lorsque nous l’avons vu peu après notre arrivée, il s’est empressé de nous dire qu’il serait heureux de prendre un peu de temps avec nous mais, comme tout évêque, son emploi du temps était quelque peu chargé. Pourtant, moins d’une heure après cette conversation, il nous invitait à venir directement à l’évêché.

 

 

Ainsi, comme d’habitude, changement de programme et nous voilà parties. Mgr Florentin a pris beaucoup de temps pour nous partager l’histoire de cette branche de l’Église catholique de rite byzantin. Le contenu de la Foi est le même, seule la liturgie change. Mes œillères sont alors tombées et j’ai pris conscience qu’ils étaient catholiques au même titre que nous, les romano-catholiques.

L’heure du repas approchait et son secrétaire commençait à pointer le bout de son nez mais l’évêque n’en a pas pour autant écourté notre rencontre. Revenus dans son bureau, nous avons longuement parlé alors qu’il nous faisait écouter une magnifique musique traditionnelle roumaine. Suite à une question d’Emilia sur les icônes, il a sorti plusieurs livres et s’est mis à nous expliquer une partie des symboles et une multitude de choses intéressantes à ce propos. J’étais littéralement passionnée ! Un détail, me direz-vous, m’a vraiment touchée : alors que son secrétaire lui faisait comprendre qu’il était attendu, l’évêque n’en était pas moins disponible à notre égard et dans sa façon même de tourner les pages d’un livre, je sentais qu’il était pleinement dans l’instant présent. Peut-être n’est-ce pas grand-chose, mais par cela je me sentais aimée car ses occupations, de loin plus importantes que nous, n’altéraient pas la qualité de sa présence. Au final, nous ressortions de chez lui le sourire aux lèvres après trois heures d’entretien.

 

Après ces deux “épisodes” différents de ce à quoi vous pouviez vous attendre, je veux vous parler de notre très grande amie Élizabeth. Déjà la troisième lettre et je ne vous l’ai toujours pas présentée, il faut que je remédie à cela ! Cette amie tzigane a vingt-trois ans et a déjà connu de nombreuses souffrances. Ayant grandi dans une “casa de copii” (orphelinat) héritée de la période communiste, elle en est ressortie à l’âge de dix-huit ans avec un retard intellectuel. Elle vit aujourd’hui dans le quartier de Bejan où elle a une baraque faite avec un peu de tout. Vers l’âge de vingt ans, elle a eu un enfant, le beau Marius-Gabriel qu’elle n’a pas pu garder en raison de sa situation psychologique et matérielle. Heureusement, son enfant vit dans une famille d’accueil incroyable qui favorise le lien mère-enfant. Ce couple éduque Marius-Gabriel en lui rappelant bien qui est sa maman, renommée “Mama beta”. Même si elle ne peut pas s’en occuper à 100 %, elle a un amour inconditionnel pour son fils et en est très fière.

Il y a quelques jours, elle est venue chez nous avec trois jouets que quelqu’un lui avait donnés pour son fils. Elle voulait que nous les gardions au Point-Cœur jusqu’à St Nicolas ou Noël, pour être sûre qu’elle les aurait encore pour les lui offrir en temps voulu. J’étais tellement touchée de la voir si soigneuse avec ces quelques jouets.

Ce jour était également le dernier jour d’Emilia à Deva et Elizabeta tenait à être présente à la gare. Au début, je n’y croyais pas trop car elle n’a pas toujours conscience de l’heure et elle devait nous rejoindre directement là-bas. Quelle ne fut pas ma surprise de la voir sur le lieu de départ, le regard guettant notre arrivée. Elle attendait depuis plus de vingt minutes pour être sûre de ne pas manquer Emilia. J’étais si heureuse qu’elle soit présente ! D’autres amis sont également venus. En partant, Elizabeta nous a accompagnées un peu et répétait sans cesse : “tu trouves ça dur, hein” ou d’autres phrases témoignant de son attention à notre égard.

 

Une expression dit « le meilleur pour la fin » et j’espère que cela sera le cas pour vous, en tout cas pour moi, ça l’a été : St Nicolas. Selon la tradition, St Nicolas passe avec le père Fouettard distribuer des bonbons et des petits jouets aux enfants, à une condition : qu’ils aient été sages. Puisque notre Point-Cœur s’appelle ainsi, c’est donc une fête importante pour nous et nous marquons cela en allant dans le maximum de quartiers déguisés en St Nicolas et son acolyte.

Cette année, nous n’étions que trois et nous avons donc étalé la distribution des cadeaux sur deux jours : le mercredi 5 et le jeudi 6 décembre.

 

Le premier jour, après une longue étape de transformation due aux déguisements, nous voilà parties direction Mintia : Agnès en père Fouettard, moi en St Nicolas et Martha nous escortant (bien utile vue l’excitation des enfants). Dès les premières maisons, de nombreuses têtes apparaissent aux fenêtres et quelques enfants ou parents sortent : « sunt copii aici » (il y a des enfants ici !) Tous veulent que nous venions chez eux. Alors, en essayant de ne pas tomber dans la neige et la boue, nous nous rendons chez chaque enfant.

J’essaye de rentrer dans le rôle de St Nicolas, la voix relativement grave, le pas plus lent (il n’a plus vingt printemps le pauvre) mais quelques erreurs viennent s’incruster dans la conversation : après avoir demandé aux parents si leurs enfants ont été sages, je dis aux petits de temps à autre : « sunt bucuroasă că ai fost cumint » (je suis heureuse que tu aies été sage) oups…oui, heureux c’est vrai, je suis un vieillard et non une fille.

Malgré ces erreurs du début, je me reconcentre et demande aux enfants s’ils ne connaissent pas une chanson de Noel « colinde » ou une poésie qu’ils pourraient me dire. Les voilà les yeux pétillants chantant de tout leur cœur pour certains, plus discrètement pour d’autres ou encore agrippés à la jambe, au bras d’un de leur parents.

Par la suite de ce petit échange, St Nicolas sort un petit sachet par enfant puis certains dévorent des yeux le petit présent avant d’offrir en retour leur plus beau sourire.

 

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Bon, il faut avouer que d’autres essayent plutôt de négocier avec lui pour changer de cadeau : « t’as quoi d’autre à la place ? » ou encore « j’aime pas », situation un peu plus délicate mais on s’en sort toujours ! « oh ! regarde ton cadeau est bien pour ça, ça ou ça » Une fois tout cela terminé, c’est parti pour une autre maison.

Plus le temps passe, plus les enfants et parents s’attroupent dehors en nous attendant. Quelle joie de les entendre chanter pour que l’on vienne. En direction d’une autre habitation, il y a toujours quelques enfants attentifs à St Nicolas, lui tenant la main ou lui portant son sac. D’autres s’amusent plutôt à tenter de lui arracher la barbe. J’ai été touchée de voir la réaction de certains parents : ils voulaient que nous venions au plus vite chez eux car ils avaient peur qu’il ne reste plus  de cadeau pour leurs enfants.

D’autre part, tous nous ont accueillis avec grand plaisir chez eux et cela m’a permis de mieux connaître certaines familles, d’établir les liens de parenté que je ne connaissais pas auparavant ou encore de voir le logement de chaque enfant.

Le lendemain, après une bonne nuit de repos : c’est reparti, direction Bejan, Pe Deal et Camin. Cette fois, nous avons du renfort ! Une amis lycéenne a organisé une collecte dans son établissement et a motivé quelques élèves pour venir avec nous. C’est un pas important pour eux car ils vont dans des quartiers roms où ils n’ont jamais pénétrés. Ils ignorent presque tous cette réalité pourtant à leur porte. C’est cette amie, Imola, qui prend le rôle de St Nicolas et je deviens père Fouettard : habillée tout en noir, le visage caché derrière une grosse couche de cendre et des lunettes de soleil (peu crédible), les cheveux en pétard et le balais à la main pour les enfants n’ayant pas été sages. Agnès et Martha s’occupent des enfants et parent avec les familles et les jeunes venus nous aider.

Cette deuxième après-midi est bien différente dans le rôle de père Fouettard. Après avoir fait le plein de beaux sourire, yeux pétillants, câlins des enfants la veille, l’heure est plus au sport et à la rigolade. Le père Fouettard court après les enfants en leur faisant peur et cela se transforme en jeu avec eux. Ne vous inquiétez pas pour eux, j’ai essayé de ne pas les terroriser quand même. Après deux heures à Bejan, nous montons sur la colline et passons de l’autre côté à Pe Deal, Là-bas, le rituel est le même et les enfants sont toujours autant heureux. Preuve en photo :

 

                               

    

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               Andrea et un petit enfant à Pe Deal                                  Imola et moi

 

Puis, entre Pe Deal et le Camin, notre St Nicolas doit partir et Agnès la remplace. Nous ne sommes plus que toutes les trois car les jeunes ont également dû y aller.

Je ne vous ai pas parlé du Camin encore, un des lieux que nous visitons. Dans ce bloc, les familles habitent dans une modeste pièce unique à laquelle est annexée une petite pièce cuisine. Certains sont à plus de 10 dans un espace si petit, Ce bloc regorge d’enfants et nous n’avons pas une minute à perdre ! Etage après étage, appartement après appartement, nous passons. Comme dans les autres quartiers, les enfants se regroupent autour de nous, plus ou moins sages mais toujours plein d’énergie et de joie.

 

En l’espace de deux jours, que d’enfants rencontrés et de joie ! C’est le meilleur cadeau de Noel possible, certes, un peu anticipé !

 

Comme à mon habitude, j’ai mis du temps avant de terminer cette lettre et elle part donc après les  fêtes mais je vous assure que j’ai bien pensé à vous ! J’écris ces mots le lundi 31 décembre alors je peux tout de même vous souhaiter une MAGNIFIQUE année 2013 !!! Voici la carte de vœux de notre Point-Cœur :

 

 

Je pense à vous et prie bien pour vous chaque jour,

À bientôt,

Votre filleule, Cécilia

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  • Partant en mission humanitaire 14 mois avec Points-coeur (mi-juillet 2012/septembre 2013) j'alimenterai le plus souvent possible ce blog pour vous donner des nouvelles de ma vie à Deva (Roumanie).
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