lettre n°7
Punct-Inimã Sfint-Nicolae Deva – Roumanie le 6 septembre 2013 (reçue le 10/09/13)
Lettre n° 7
Mes chers et fidèles parrains,
Comment allez-vous ? Cette fois, je pourrai écouter votre réponse de vive voix car je suis bel et bien rentrée depuis le 16 août. De mon côté, je me surprends à vivre relativement bien mon retour ! En effet, l'approche de mon départ ne m'enchantait guère car je ne voulais pas quitter cette belle et attachante Roumanie, et encore moins toutes ces personnes ayant élu domicile dans mon cœur. Ce même cœur qui a subi une grande rénovation et des travaux d'agrandissement en l'espace de treize mois. Par contre, la propriétaire de ce dernier lance un appel : vous êtes priés de l'aider à garder un grand espace et même de l'inciter à l'agrandir et à s'ouvrir ! Pour le moment, les installations en cours sont de multiples alarmes :
1.Ne pas oublier tout ce que j'ai appris et vécu cette année.
2.Faire fructifier cette expérience.
3. Être attentive au moyen d'aider en France et d'être présente pour ceux qui en ont besoin.
Trêve de métaphore, je vois qu'il me reste du travail mais qu'une nouvelle aventure se profile devant moi. Points-Cœur m'aura aidée à m'équiper pour plonger dans la Vie. Oups, encore une fois je vous ai emporté avec moi dans mes pensées et je ne vous ai pas parlé concrètement de ces deux derniers mois en Roumanie.
De même que l'été 2012 avait été palpitant et enrichissant, l'été 2013 n'a rien à envier à son prédécesseur. Tous deux sont sur le podium des meilleurs étés. La maison n’a pas désempli et nos cœurs non plus. La même semaine, nous avons eu la visite d'une amie de Bucarest, d'une ancienne Amie des enfants américaine, Monette, d'un jeune Roumain rentré de mission en Équateur, Iulian, ainsi que de Vicentiu venu se préparer à partir en mission en Grèce. Nous étions huit de cinq nationalités. En même temps, Agnès vivait ses dernières semaines à Deva et il était beau pour toute la communauté de voir les fruits de sa mission : les amitiés tissées ici durant l'année. Par exemple, suite au décès de Tanti Corona, elle a beaucoup participé au maintien de la relation avec son fils et sa belle-fille, même si du vivant de notre chère voisine, ils étaient peu soucieux de notre présence.
Le 25 juillet, elle est repartie en France.
Iulian
Par la suite, Martha et moi sommes allées à une rencontre de jeunes catholiques de langue roumaine où nous avons eu l'occasion de présenter Points-Cœur et de revoir beaucoup d'amis. L'un d'entre eux d'environ vingt- cinq ans, un autre Iulian, était aussi présent. Il a énormément de problèmes de santé, à tel point qu'il est difficile de concevoir qu'il puisse souffrir autant. Récemment, il s'était fait opérer d'une jambe (la deuxième le sera dans quelques années) et souffrait en continu malgré les médicaments très puissants. Toutefois, ce dont souffre le plus Iulian, ce n'est pas de cela mais de la solitude, du manque de relations avec des personnes qui ne s'arrêtent pas à son handicap ou à ses problèmes de santé. Ainsi, nous essayons d'être à ses côtés, de lui offrir notre amitié toute simple même si nous sommes bien impuissantes face à toutes ses souffrances. À son contact, j'ai l'impression qu'il me donne plus que je ne lui donne : en effet, j'admire sa Foi, son courage et son humour malgré tout ce qu'il traverse. Je pourrais en parler longtemps mais j'ai encore beaucoup de choses à vous partager.
Despedida
À présent, je me concentrerai sur les dernières semaines de mission, un temps spécifique et merveilleux où j'ai pris plus que jamais conscience de la beauté de cette année. A Points-Cœur, on nomme ce temps d'au revoir despedida et il sera donc plus simple pour moi de l'appeler ainsi.
Le programme était tel que je n'ai eu qu'une petite quinzaine de jours pour dire au revoir à tous nos amis. J'appréhendais cela car je ne voulais pas les saluer à la va-vite. Contre toute attente, j'ai eu de nombreuses surprises et tout s'est bien agencé : j'ai pu revoir presque tout le monde et j'ai bien senti qu'en dépit de mon programme de visites, j'avais un « Manager » bien décidé à me faire vivre deux magnifiques semaines. Chaque jour, j'avais de nombreuses surprises : tel ami passait à l'improviste, alors que je comptais justement le voir, une amie de Timişoara (trois heures de Deva) est venue passer quelques jours à la maison sans quoi je ne l'aurais pas revue, et ainsi de suite. D'autre part, nous avions accueilli notre nouvelle recrue depuis le 27 juillet : Marie, une Suissesse de vingt ans, géniale, dynamique et débrouillarde qui m'a bien aidée à la cuisine et dans la maison, me libérant ainsi du temps pour voir les amis.
Il m'était difficile à chaque visite de dire : « C'est la dernière fois que je viens chez vous pendant ma mission, je repars en France ». Je n'avais tellement pas envie de les quitter ! Mais ces derniers moments étaient si beaux que cela me consolait et me constituait un ample bagage de souvenirs à ressortir des archives cette année et dans l'avenir en cas de blues.
Le mercredi 14 août, la veille de mon départ de Deva, une messe d'action de grâces pour la mission que j'ai passée là-bas a été célébrée. J'étais émue et surprise par l'évangile à l'occasion de la fête de St Maximilien Kolbe : « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime » (Jn. 15,13), une phrase si vraie et qui me touche beaucoup. Dans son sermon, père Márian m'a encouragée à regarder cette année avec gratitude et à continuer ma mission en France, dans ma réalité : avec mes études, ma famille. Il a raison : ce n'est pas la fin de ma mission, bien au contraire. Pendant la messe, Adriana, une amie d'une quarantaine d'années pleurait en continu. J'étais surprise et touchée. Nous l'avons rencontrée en février, elle souffre beaucoup de solitude et a trouvé un refuge en notre Point-Cœur, elle y vient de plus en plus et s'y épanouit plus d'une fois sur l'autre. Dans mes derniers temps à Deva, elle n'a pas cessé d'avoir des attentions touchantes. Le dernier jour, pile au moment où l'on s'apprêtait à prendre le dessert, elle est arrivée avec mon gâteau hongrois préféré : le dobos. Elle l'avait acheté dans la meilleure pâtisserie de Deva. En effet, il était succulent mais ce qui me reste en bouche, c'est la saveur d'une si belle et simple attention, celle d'une amitié sincère ayant grandi en six mois seulement. Dans une carte qu'elle m'a donnée en partant, elle me remerciait et remerciait tout le Point-Cœur de lui avoir fait (re)découvrir ce que signifiait profondément l'amitié. Cette carte est le plus beau des cadeaux qu'elle ait pu me faire. Je veux vous partager une dernière chose à son propos. Après le buffet où tous nos amis étaient conviés, beaucoup sont venus à la maison et l'ambiance était au rendez-vous. À cette occasion, elle a appris à danser un peu le ballet à Luizi Rafi (une petite tzigane Gabor) car elle est professeur de danse. C'est une autre merveille pour moi : voir une Roumaine si complice avec une enfant tzigane alors qu'elles ne se seraient pas connues sinon.
Adriana
Vicenţiu (voir suite de la lettre)
Ana-Maria, notre chère voisine de onze ans m'a fait la magnifique surprise de s'habiller d'un beau costume indien et de danser des danses tziganes pour moi. Elle ne le fait jamais et je sais que c'est un cadeau qui lui a coûté beaucoup, surtout qu'il y avait de nombreuses personnes. J'en suis d'autant plus touchée.
Cette lettre me paraît bien insuffisante et courte mais je sais qu'elle est déjà longue pour vous donc je garde les multiples bonus pour ceux qui seraient désireux d'en entendre davantage. N'hésitez pas à me bombarder de questions. J'organiserai sûrement quelques soirées retrouvailles autour de photos et témoignages pour les intéressés.
Pour terminer, je me permets de vous parler de Vicenţiu, un bon ami de dix-neuf ans très sérieux. Il part en mission en Grèce et aurait également besoin de personnes prêtes à l'aider dans cette aventure car il est très difficile de trouver des parrainages en Roumanie, vu la situation économique. Ses lettres seront traduites donc vous aurez des nouvelles. Si quelqu'un souhaite continuer de soutenir le Point-Cœur de Roumanie, une Polonaise, Katarzyna (une autre), arrive en octobre et cherche également des parrains. Vous recevrez ses lettres en français aussi.
Voici quelques photos de ces dernières semaines :
Trajan et moi (Bejan)
Sara, Lenuţa, moi et Alexandra (Bejan)
Une famille que j'aime énormément, celle de Florea !
Notre communauté avant le départ d'Agnès (Catalina, moi, Agnès et Martha)
Et avant mon départ avec notre nouvelle petite sœur, Marie
J'espère que cette année passée ensemble, grâce à nos prières et pensées réciproques et aux lettres, vous aura fait voyager en Roumanie et dans le cœur de l'Homme, dans le cœur de nos amis. J'espère également que cela aura été une belle expérience pour vous. Je ne suis pas la seule à être partie en mission : vous aussi !
Encore une fois, je vous remercie de tout cœur pour votre soutien. J'espère vous revoir bientôt et connaître ceux que je ne connais pas encore.
Pour les Nantais, vous êtes bienvenus à la maison quand vous voulez (même les autres :)
Bien à vous,
Cécile